« briller », définition dans le dictionnaire Littré
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briller [1]
- 1Être lumineux ou poli. La lune brille d'une lumière empruntée. Briller de l'éclat de l'or.
L'or et les diamants brillent sur ses habits
, Voltaire, Scythes, I, 1.On se menace, on court, l'air gémit, le fer brille
, Racine, Iphig. V, 5.Levant au ciel ses yeux mouillés de larmes Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes
, Racine, Brit. II, 2.Fig. Le feu brille dans ses yeux.
Et d'un œil où brillaient sa joie et son espoir
, Racine, Androm. V, 2.N'aurai-je vu briller cette noble chaleur… ?
Racine, Iphigénie, I, 2.Faire briller, montrer.
Fais briller la couronne à ses yeux
, Racine, Phèd. III, 1. - 2Attirer les regards par l'éclat des couleurs, la beauté, la pompe. On admire ce qui brille.
La gloire est plus solide après la calomnie, Et brille d'autant mieux qu'elle s'en vit ternie
, Corneille, Nicom. IV, 1.Par les hautes vertus et les illustres marques Qui font briller en lui le sang de vos monarques
, Corneille, Nic. II, 3.Tout ce qui brille moins remplit mal son attente
, Corneille, Hor. V, 2.L'âme du jeune Crasse et celle de Pompée, Le sang des Scipions protecteur de nos dieux Parlent par votre bouche et brillent dans vos yeux
, Corneille, Pomp. III, 4.Faut-il qu'à vos yeux seuls un nuage odieux Dérobe sa vertu qui brille à tous les yeux ?
Racine, Phèd. V, 3.Le sang de nos aïeux qui brille dans Junie
, Racine, Brit. I, 2.Alors qu'une œuvre brille et d'art et de science
, Régnier, Sat. IX.Il y a vingt ans que vous brillez en Provence
, Sévigné, 508.Elle est partie de chez Bayard après y avoir brillé
, Sévigné, 281.Il trouva le moyen de briller par mille petits récits
, Hamilton, Gramm. 4.Pour le voir briller à la cour de France
, Hamilton, ib.C'était de mon temps Que brillait madame Grégoire
, Béranger, Mme Grégoire.Briller par son absence, se dit d'une personne assez considérable ou d'une chose assez importante pour que l'absence en soit remarquée.
- 3Exceller, avoir la prééminence.
Elle brilla dans toutes ses réponses
, Sévigné, 419.Pour en venir à bout il faudra batailler. - Tant mieux, c'est où je brille, et j'aime à ferrailler
, Regnard, Folies amour. I, 6.Tel brille au second rang qui s'éclipse au premier
, Voltaire, Henr. I.Je te promets que ces petits talents, dont on ne fait aucun cas chez nous, servent bien ici ceux qui sont assez heureux pour les avoir, et qu'un homme de bon sens ne brille guère devant eux
, Montesquieu, Lett. pers. 82.
HISTORIQUE
XVIe s. Sur tous autres brilloient d'ardeur de combatre les jeunes gentilz hommes et chevaliers romains
, Amyot, César, 55. Il lui sauta au col, et, s'en estant assuré par le moyen d'un poignard qu'il fit briller à ses yeux, il se rendit maistre de la dite porte
, D'Aubigné, Vie, CLIV.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. et espagn. brillar ; portug. brilhar ; ital. brillare. L'italien ne disant pas brigliare, le radical doit avoir ll ; par conséquent l'étymologie, donnée depuis longtemps, de berillus, sorte de pierre brillante, est bonne (voy. BERYL). L'historique ne va pas plus haut que le XVIe siècle. Ce mot, si ancien dans les autres langues romanes, serait-il venu par emprunt dans le français ? ou plutôt ne faut-il pas penser qu'il gît dans quelque texte ignoré ou qu'il était vivant dans la langue populaire ? Et en effet on trouve, dans un texte du XIVe siècle : Deux brilleus mengenz à court, DU CANGE, brilleus. Brilleus, de briller, homme de service qui éclaire. On trouve aussi le substantif bril dans le XVe siècle : Que diriez-vous du froit mois de janvier, S'il se vouloit marier à avril, Qui fait les fleurs et printemps verdoier, Arbres et prez et chanter soubz le bril [sous l'éclat de beau temps] Le très plaisant rossignol
, Deschamps, Poésies mss. f° 227, col. 3, dans LACURNE SAINTE-PALAYE. Bril, éclat, est aussi dans Oudin.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1. BRILLER. - REM. Briller dans la conversation, très reçu aujourd'hui, était nouveau dans le courant du XVIIe siècle.Voici encore d'autres façons de parler assez nouvelles, briller dans la conversation : Il y a des gens qui ont beaucoup d'esprit et qui ne brillent point dans la conversation, Bouhours, Éntret. d'Ariste et d'Eugène, II.