« brelan », définition dans le dictionnaire Littré

brelan

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brelan

(bre-lan ; il y a une mauvaise prononciation, berlan, qui, d'après Chifflet, était admise à côté de l'autre dans le courant du XVIIe siècle) s. m.
  • 1Jeu qui se joue avec trois cartes, à trois, ou à quatre, ou à cinq. Qu'il garde sa main droite pour jouer au brelan, Sévigné, 72.

    Avoir brelan, avoir trois cartes de même figure ou de même point.

    Brelan carré ou quatrième, brelan formé des mêmes cartes que celle qui retourne.

    Brelan favori, brelan qu'on est convenu de payer double.

    Brelan mignon, combinaison qui se présente à la bouillotte, quand, un joueur ayant deux as et un roi dans la main, l'as de retourne est de la couleur de son roi.

  • 2 Par extension, maison de jeu, tripot ; il se prend en mauvaise part. Courir le bal la nuit et le jour les brelans, Racine, Plaid. I, 4. Je ne m'étonne pas qu'il y ait des brelans publics, La Bruyère, 6. L'un en titre d'office exerçait un brelan, Régnier, Sat. X. Nous la verrons hanter les plus honteux brelans, Boileau, Sat. X. D'écoliers… une troupe… Va tenir quelquefois un brelan défendu, Boileau, Lutr. III.

    Fig. Le monde est un brelan où tout est confondu, Tel pense avoir gagné qui souvent a perdu, Régnier, Sat. III.

HISTORIQUE

XIIIe s. Un berlenc aporte et trois dez, Fabliaux, édit. BARBAZAN, III, p. 286. Trois dez et un brelenc, ib. IV, p. 44.

XIVe s. Comme icellui exposant se fust en battuz à un jeu ou bellent en la ville de Douay…, Du Cange, belencus. L'un met sus le berlens son gage, Et l'autre met argent encontre, Du Cange, berlenghum.

XVe s. Le roi des ribauds doit avoir une table et breleng à par lui sur un des fiefs du palais, ou en tel place que au bailli plaira ordonner, Du Cange, ib. Plusieurs compaignons jouant aux dez sur une table ou brelenc, Du Cange, ib.

XVIe s. Tout son estude adonnoyt à observer les miseres d'aultruy ; ce pendant sa femme tenoyt le berland, Rabelais, Pant. III, 25. Il tint long temps le berlan [il eut longtemps l'avantage], et par son astuce et force en jetta cinq ou six par terre, Paré, III, p. 693.

ÉTYMOLOGIE

Picard, berlan ; espagn. berlanga, jeu de hasard ; bas-lat. berlenghum, belencus ; de l'allem. Bretlîn ou plutôt Bretling, petite planche, le sens propre étant la planche, la table sur laquelle on joue.