« braver », définition dans le dictionnaire Littré
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braver
- 1Faire le brave à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose. Il bravait du regard son adversaire. Ils étaient prêts à braver tous les supplices. La force de la conscience est grande, et ceux qui la bravent… Braver les chaleurs, les tempêtes.
Quoi ! viens-tu me braver jusque dans mon palais ?
Corneille, Nicom. V, 10.Mais pourrons-nous braver une reine en colère Avec ce peu de gens que m'a laissé mon frère ?
Corneille, Rodog. III, 2.Car enfin ce cruel que vous allez braver, Songez, quoi qu'il ait fait, songez qu'il est mon père
, Racine, Iphig. III, 6.Vous triomphez, cruelle, et bravez ma douleur
, Racine, ib. II, 5.Ce Dieu que tu bravais à nos mains t'a livrée
, Racine, Athal. V, 5.Fuis, traître, ne viens point braver ici ma haine
, Racine, Phèd. IV, 2.Et bravant du démon l'impuissant artifice
, Racine, Esth. Prol.Viens-tu du Dieu vivant braver la majesté ?
Racine, Athal. II, 2.Tous les jours un homme… un vil esclave D'un front audacieux me dédaigne et me brave
, Racine, Esth. II, 1.Vous bravez ma bonté qui vous était offerte
, Voltaire, Alz. V, 5.Il vient braver les morts, il vient braver les dieux
, Voltaire, Sémiram. V, 2.Cependant que mon front au Caucase pareil, Non content d'arrêter les rayons du soleil, Brave l'effort de la tempête
, La Fontaine, Fabl. I, 22.Et qui veut bien mourir peut braver les malheurs
, Corneille, Hor. III, 5.Vous qui braviez pour moi tant de périls divers
, Racine, Androm. III, 6.Absolument.
C'est peu pour lui de vaincre, il veut encor braver
, Corneille, Hor. IV, 2. - 2 Fig.
Le latin dans les mots brave l'honnêteté ; Mais le lecteur français veut être respecté
, Boileau, Art p. II. - 3Se braver, v. réfl. Se défier, se provoquer l'un l'autre.
Oronte et lui se sont tantôt bravés
, Molière, Mis. II, 7.
HISTORIQUE
XVIe s. Oyez braver ce pauvre et calamiteux animal [l'homme vantant sa condition]
, Montaigne, II, 209. Il sent mesmes passions que mon laquay, mais se brave sur ce qu'il contient au moins sa langue
, Montaigne, II, 211. Vous l'avez bravé, esmeu de cholere ; et vous l'allez rappaiser et flatter, en vostre froid et meilleur sens
, Montaigne, IV, 170. N'ayant aultre auditeur des ses louanges, il se bravoit avecques sa chambriere
, Montaigne, IV, 174. Qu'elle aille la teste levée, bravant [se parant] de ma chaine, qu'elle se pare et attiffe de mes depouilles
, Yver, p. 539. Estant contrainct d'endurer que Tigranes ce pendant courust et pillast la Cappadocie, et que Mithridates de rechef bravast
, Amyot, Lucull. 70. Nous ne souhaitions rien plus que de rencontrer ceux qui bravoient de nous venir trouver
, Du Bellay, M. 603. Pourquoy te braves-tu de cela qui n'est rien ? La beauté n'est que vent, la beauté n'est pas bien
, Ronsard, 257.
ÉTYMOLOGIE
Brave ; espagn. bravear ; ital. bravare.