« bourre », définition dans le dictionnaire Littré

bourre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bourre [1]

(bou-r') s. f.
  • 1Amas de poils détachés de la peau de certains animaux à poil ras. Terre grasse mêlée avec de la bourre. Matelas remplis de bourre. Le petit-fils de César se vit réduit à manger la bourre de son lit, Rousseau, Ém. IV.

    Bourre de laine ou bourre lanice, la partie la plus grossière de la laine.

    Bourre de soie, la partie du cocon qui ne se dévide pas.

    Fig. Chose de peu de valeur. Il y a bien de la bourre en cet ouvrage. Jour à jour j'étais informé du fond de cette curieuse sphère [la cour] ; la bourre même en était amusante, et parmi cette bourre rarement n'y avait-il pas quelque chose d'important, Saint-Simon, 239, 189.

  • 2Ce qu'on met par-dessus la charge des armes à feu pour la retenir et la presser. La bourre d'un fusil. J'ajoute aux pistolets une petite charge sans bourre, Rousseau, Em. I.
  • 3 Par extension, duvet qui couvre certains bourgeons à leur naissance. La vigne a gelé en bourre. Le chameau de tête [celui qui est en tête de la caravane] est attaché par une corde de bourre de palmier, Chateaubriand, Itinér. II, 194. Les mousses dans leur bourre élastique…, Chateaubriand, Génie, III, V, 5.

    Enveloppe sèche de certaines graines. De la graine de trèfle en bourre.

  • 4 Terme de tannerie. Vieux tan qui est sur la peau du mouton au sortir de la tannerie.
  • 5Drogue colorante faite avec du poil de chèvre très court qui a bouilli dans la garance.
  • 6 Terme de métallurgie. Fer défectueux.
  • 7Ancien terme de commerce. Bourre de Marseille, étoffe moirée, dont la chaîne était de soie, et la trame de bourre de soie.

HISTORIQUE

XIIIe s. Primes [il] vest unes espaulieres De boure de soie moult chieres, Bl. et Jeh. 3978. Chauces faites de bourre et d'autres mauveses estoffes, Liv. des mét. 139. Nus seliers ne puet coudre bazane avec vache ne avec veel pour nul fournement, ne nule menuiere de poil avec bourre quele que elle soit, ib. 209. Il peut metre devant son pis et devant son ventre un contrecuer de teille et de coton, ou de laine ou de borre de sée [soie], tel et si fort come il vodra, Ass. de Jér. I, 170.

XVe s. Et à brief parler je m'y fourre Ne plus ne moins qu'en une bourre, Villon, Archer dé Bagn.

XVIe s. Le sergent de qui Goas avoit tiré promesse de ne tirer que le bourre n'entrast, et de rompre croce sur cap, passe plus de la moitié du champ, D'Aubigné, Hist. I, 288. Et ceux [les chevaux] qui restoient se mangeans les crins et les queuës les uns aux autres, et encor le bourre qu'ils arachoient de leurs selles, D'Aubigné, ib. III, 110. Courir après une petite pelote de cuir et de bourre, Despériers, Contes, XL. De la bourre de foulons, De Serres, 388. Avec un peu de bourre blanche de tondeur, De Serres, 391. Amitiez dignes de l'aage des amans, qui n'ont encore aucune vertu qu'en bourre, ni nul jugement qu'en bouton, Saint François de Sales, p. 513.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. espagn. et ital. borra ; du latin burra, qui se trouve dans l'anthologie ; dans Ausone, burrae, au pluriel, avec le sens de moquerie.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. BOURRE. Ajoutez :
8 Arbre à bourre, l'areca crinita, Baillon, Dict. de bot. p. 247.
9 Terme rural. Geler en bourre, se dit d'une vigne atteinte de la gelée avant que les bourgeons soient sortis.