« arquebuse », définition dans le dictionnaire Littré

arquebuse

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

arquebuse

(ar-ke-bu-z') s. f.
  • Ancienne arme à feu, qu'on faisait partir à l'aide d'une mèche ou d'un rouet se bandant avec une clef. Au temps de Louis XIV, l'arquebuse lançait une once sept huitièmes de plomb avec autant de poudre.

    Arquebuse à croc, grosse arquebuse que l'on appuyait sur un croc pour tirer.

    Jeu de l'arquebuse, exercice de tir ; lieu où se réunissent les arquebusiers.

HISTORIQUE

XVe s. Nostre queue estoit defendue de trois cens Allemans, qui avoient moult largement de coulevrines, et leur portoit on beaucoup de haquebutes à cheval, et ceux là faisoient bien retirer les Estradiots, Commines, VIII, 7.

XVIe s. Le mari avec sa arquebuse, et elle avec des pierres, se defendoient, Marguerite de Navarre, Nouv. LXVII. L'un fait tuer en trahison son ennemi d'un coup de pistole ou harquebuze, Lanoue, 248. Il fist desmonter environ 70 harquebuzes à croq de dessus leurs chevalets et les fist porter par ses gardes, Carloix, VI, 15. Et chacun une harquebuze à croc sans fourchette, Satir. mén. p. 13. Ils n'estoient que trente, l'espée à la main et l'arquebuë au fourreau, D'Aubigné, Hist. I, 289. L'arquebouse à la main gauche et l'espée à la droite, D'Aubigné, ib. III, 14. Il fut blessé d'un coup d'arquebute tout au travers du col, Paré, Introd. 24. Les harquebuses à croc, que l'on ne peut bien tirer si elles ne sont liées et accrochées sur du bois — le mot general [des armes à feu des gens de pied] harquebuse, mot tiré des Italiens à cause du trou par lequel le feu du bassinet entre avant dans le canon, car les Italiens nomment un trou buzio : et se nomme arc à cause qu'on en use maintenant comme…, Paré, IX, Préf. Et luy fut tiré plusieurs coups, tant d'artillerie que d'arbouze, Du Bellay, M. 38. De ceste heure là [1521] furent inventées les harbouzes qu'on tiroit sur une fourchette, Du Bellay, M. 55. Amour a faict de mon cœur une bute, Et Guerre m'a navré de haquebute, Marot, I, 329. Exepté qu'à tous faisoit laisser leurs piques, espées, lances et haquebutes, Rabelais, I, 44.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, harkîbuse ; bourguig. auquebutte ; ital. archibuso, arcobugio ; espagn. arcabuz ; bas-lat. arcus busus. On tire ce mot de l'italien, de arco, arc, et de bugio, trou, comme qui dirait arc à trou. L'Arioste, au chant IX du Roland furieux, donne il est vrai le nom de ferro bugio, fer creux, à l'arquebuse. Mais si le nom ancien en français est haquebute, il est probable que le mot italien est une altération de ce mot français, altération qui ensuite a chassé le mot français de notre propre langue. Haquebute vient de l'allemand Hakenbüchse, flamand haak-bus, qui signifie arquebuse à croc, de Haken, croc, et de Büchse, canon d'arme à feu. Pour Haken, voy. HACHE ; quant à Büchse, c'est une altération du mot latin pyxis, dont une altération non moins grande a fourni notre mot boîte (voy. BOÎTE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ARQUEBUSE. Ajoutez : - REM. L'arquebuse à croc ou crochet date du milieu du quinzième siècle ; elle est intermédiaire entre les armes portatives et les bouches à feu ; elle porte sur le canon un croc qui servait à la maintenir sur un chevalet au moment du tir ; le feu était mis à l'aide d'une mèche.

L'arquebuse à mèche date du commencement du seizième siècle ; elle est souvent désignée sous le simple nom d'arquebuse ; elle est garnie d'un bassinet, dans lequel est la poudre d'amorce, d'un couvre-bassinet et d'un serpentin qui porte une mèche allumée, qu'un mécanisme particulier permet, à l'aide d'une détente, de faire tomber sur la poudre contenue dans le bassinet.

L'arquebuse à rouet, arquebuse garnie d'une platine à rouet (voy. PLATINE).

L'arquebuse butière, arquebuse à rouet employée pour le tir à la cible, même après l'adoption du fusil à silex.

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : D'après M. Dozy, au mot arcabuz, le français arquebuse vient directement non pas de l'allem. Hackenbüchse, mais de l'ancien flamand haeckbuyse (KILIAN, Etymologicum teutonicae linguae, I, 209, édit. van Hasselt).