« afficher », définition dans le dictionnaire Littré
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afficher
- 1Appliquer au mur des affiches. Afficher une loi, une vente. Charles XII fit afficher qu'il n'était venu que pour donner la paix.
Quoi ! mes pères, afficher vous-mêmes dans Paris un livre si scandaleux, avec le nom de votre P. Meynier à la tête !
Pascal, Prov. 16. - 2 Par extension.
Un ministre veut m'enrichir Sans qu'au Moniteur on m'affiche
, Béranger, Refus. - 3Faire étalage de. Afficher la douleur. Afficher la prétention de connaître à fond. Il affiche sa honte, ses vices. Plutôt que d'afficher notre impuissance à l'égard de certains désordres.
Vous abjureriez la philosophie pour afficher la dévotion
, Voltaire, Dial. 30. - 4Afficher une femme, rendre public le commerce de galanterie qu'on a ou qu'on veut faire croire qu'on a eu avec elle.
- 5S'afficher, v. réfl. Ne se prend qu'en mauvaise part. N'avez-vous point de honte de vous afficher ainsi ? S'afficher pour un homme sans mœurs.
SYNONYME
AFFICHER, AFFECTER. Faire montre de… c'est là la signification commune à ces deux verbes, en tant que synonymes. La différence est que affecter implique qu'on ne ressent pas les sentiments dont il s'agit : affecter la douleur, c'est faire montre d'une douleur qu'on ne ressent pas. Afficher n'implique rien de pareil : afficher une douleur, c'est faire montre d'une douleur qu'on ressent ou qu'on ne ressent pas.
HISTORIQUE
XIe s. Puisqu'il l'a dit, mout s'en est afichét [résolu]
, Ch. de Rol. CLXXXVIII. La bataille est mout dure et afichée
, ib. CCXLVI.
XIIe s. Affichez [affermi] s'est sur les estriers dorés
, Ronc. p. 53. Et puis remontent [à cheval], si se sont afichez
, ib. p. 57. De ce qu'oit [eut] dit, est forment afichez [il tient fortement à ce qu'il a dit]
, ib. p. 119. Pur ço esguard par raisun, e bien l'os afichier, Que, se li clers forfait à perdre sun mestier, Face le sis prelaz en sa chartre lancier
, Th. le Mart. 31. E jure les oilz deu e volt bien afichier Que jamais à cel puint ne purra repairier
, ib. 110.
XIIIe s. Li empereres s'afficha bien d'eus destruire selonc son pooir
, H. de Valenciennes, XXXIII. Or voil-je bien afichier Que n'a si loial ne si sage En ma cort, ne de tel corage
, Ren. 6048. Li porc li vint gole baée, Et li chevaliers tint l'espié, à un chesne s'est afichié
, Ren. 22508. Car il dit, et por voir l'affiche En son noble livre Aureole Qui fait bien à lire en escole
, la Rose, 8604. Sine di-ge pas ne n'afiche Que roi doient estre dit riche Plus que les personnes menues Qui vont nuz piez parmi les rues
, ib. 18761. Car usurier, bien te l'afiche, Ne pourroient pas estre riche, Ains sunt tuit povre et soffreteus, Tant sunt aver et convoiteus
, ib. 5083. Richece ot une porpre robe, Ici ne tenés mie à lobe [fable], Que je vous di bien et afiche Qu'il n'ot si bele, ne si riche Ou monde, ne si envoisie [gaie]
, ib. 1062. Li plus poures se tint à rice, Et de grant hardement s'afice
, Fl. et Bl. 1349. Li quens Raimons s'afiche de faire une envaïe
, Ch. d'Ant. IV, 57. Quant li vesques oï Buiemont afichier Que il ne veut la lance par nul endroit baillier
, ib. VIII, 115. Garsions s'enfoï, por sa vie alongier, Amont el haut castel qui siet en haut rochiez ; Bien avoit de hautesse un trait d'arbalestrier ; En la porte s'afiche que firent aversier
, ib. VI, 1020.
XIVe s. C'est à dire gens de forte sentence affichiés et ahurtés, qui sont fors à persuader
, Oresme, Eth. 214. Il s'afiche ès estriers comme homs amanevis
, Baud. de Seb. VI, 371.
XVe s. Et pour ce Dieu le trabucha, Ou font d'abisme l'aficha Et nous aussi qui l'ensuïsmes
, Nat. de J. C. Si s'afichierent à oster les pilots [pilotis], dont il en y avoit en l'Escaut semé grand foison
, Froissart, I, I, 136.
XVIe s. Et furent decapitez, et leurs testes affichées sur les portes de la ville
, Carloix, X, 14. Et firent afficher par les carrefours de la ville l'edict du roy
, Carloix, ib. Dans Rabelais, afficher est mis pour greffer.
ÉTYMOLOGIE
À et ficher ; picard, affiker ; provenç. aficar, afiquar ; espagn. afijar ; ital. afficcare.