« tempête », définition dans le dictionnaire Littré

tempête

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tempête

(tan-pê-t') s. f.
  • 1Violente agitation de l'air souvent accompagnée de pluie, de grêle, d'éclairs, de tonnerre. Semblables à ces hautes montagnes dont la cime, au-dessus des nues et des tempêtes, trouve la sérénité dans sa hauteur et ne perd aucun rayon de la lumière qui l'environne, Bossuet, Louis de Bourbon.

    Terme de météorologie. Tempêtes, vents violents qui, après avoir soufflé un certain temps de la même direction, en changent quelquefois plus ou moins brusquement.

    Dans la nomenclature des vents, on réserve ce nom à un vent qui parcourt 20 mètres à la seconde.

    Tempête tournante, voy. OURAGAN.

  • 2 Particulièrement. Orage sur mer. La reine se met en mer au mois de février, malgré l'hiver et les tempêtes, Bossuet, Reine d'Anglet. Je tremble au seul récit de la tempête furieuse dont sa flotte fut battue durant dix jours, Bossuet, ib. Le cap de Bonne-Espérance est fameux par ses tempêtes et par le nuage singulier qui les produit, Buffon, Hist. nat. Preuv. th. terr. Œuv. t. II, p. 261.

    Fig. Après s'être sauvée des flots, une autre tempête lui fut presque fatale ; cent pièces de canon tonnèrent sur elle à son arrivée, Bossuet, Reine d'Angl. Nous l'avons vu, dit l'une, affronter la tempête De cent foudres d'airain tournés contre sa tête, Boileau, Épît. IV.

    Le cap des Tempêtes, le cap de Bonne-Espérance.

    Fig. Doubler le cap des tempêtes, échapper à un péril, à une crise.

    L'oiseau des tempêtes, le goëland. Et, comme l'oiseau des tempêtes, Tremper tes ailes dans les flots, Hugo, Feuilles d'automne, 10.

  • 3Grand fracas. Leur troupe n'était pas encore accoutumée à la tempête de sa voix, La Fontaine, Fabl. II, 19.
  • 4 Fig. Grande agitation de l'âme. Les uns [les gens de cour] sont tout de feu [dans l'amour], et les autres [les gens de la ville] mènent une vie dont l'uniformité n'a rien qui frappe ; la vie de tempête surprend, frappe et pénètre, Pascal, Pass. de l'amour. L'amour peut bien remuer le cœur des héros du monde, il peut bien y soulever des tempêtes, mais il y a des âmes d'un ordre supérieur à ses lois, Bossuet, Mar.-Thér. Je sais par quels ressorts on le pousse, on l'arrête, Et fais, comme il me plaît, le calme et la tempête, Racine, Esth. III, 5.
  • 5 Fig. Ce qui s'élève contre quelqu'un comme le vent de la tempête. Si vous voulez calmer toute cette tempête,…, Corneille, Héracl. III, 4. Quelque tempête va renverser mes desseins, Et ce secret sans doute est celui que je crains, Molière, le Dép. III, 3. Quelle tempête devait s'élever contre l'Église naissante ! Bossuet, Hist. II, 12. Je m'assure un port dans la tempête ; Néron m'échappera, si ce frein [Britannicus vivant] ne l'arrête, Racine, Brit. I, 1. Nous [les encyclopédistes] avons essuyé cet hiver une tempête ; j'espère qu'enfin nous travaillerons en repos ; je me suis bien douté qu'après nous avoir aussi maltraités qu'on a fait, on reviendrait nous prier de continuer, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 24 août 1752.
  • 6Querelle violente. Pour peu que l'on s'oppose à ce que veut sa tête, On en a pour huit jours d'effroyable tempête ; Elle me fait trembler dès qu'elle prend son ton, Molière, Fem. sav. II, 9.
  • 7Trouble, sédition dans un État. Un coup imprévu de tempête civile et domestique jette sur des bords étrangers cette princesse infortunée qui…, Fléchier, Mme d'Aiguill. Heureux qui, dans le sein de ses dieux domestiques, Se dérobe au fracas des tempêtes publiques ! Delille, Homme des champs, II.

HISTORIQUE

XIe s. Sis [si les] aquillit e tempeste e ored, Ch. de Rol. LIII.

XIIe s. Il le fiert si qu'il lui abat L'espée moult près de la teste, Si l'envaïst come tempeste, la Charrette, 2726.

XIIIe s. Dieux dist, et si estut li esperites de tempeste, et eslevé sunt li flot de la mer, Psautier, f° 133.

XIVe s. Et telle chose avient aucune foiz en tempestes à ceulx qui, pour leur neif alegier, jettent lour denrées en la mer, Oresme, Éth. 48. En celle tempeste [en ce temps] vindrent li Normant la seconde fois jusques à Paris, Du Cange, tempesta. Le vol d'un hairon bien montant, Est-ce point chose deduisant, Qui monte hault jusques aux nues ? Et puis aucunes fois advient Qu'il [l'épervier] le prend là haut par la teste, Puis s'en viennent comme tempeste, Tournant aval jusqu'à la terre, Modus, f° CVI, verso.

XVe s. Et tant que Philippes Giffars, Qui pour le prevost se mesloit, Et qui très bien armez estoit, Et avoit bacinet en teste, Fut occis en ceste tempeste, Deschamps, Poésies mss. f° 573.

XVIe s. Lors commence à tirer et faire tel tempeste Que ie camp de Venise en peult ouyr la feste, Marot, J. v, 119. Deux pots au feu signifient feste, deux femmes font la tempeste, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Wallon, tainpess ; provenç. tempesta ; du latin fictif tempesta ; les autres langues romanes ont : espagn. tempestad ; ital. tempestà, de tempestatem. Tempestas vient de tempus, temps, et a d'abord signifié moment du jour, puis état atmosphérique en général, enfin spécialement mauvais temps. À côté de tempeste, il y avait un masculin tempest, qui suppose un latin fictif tempestus : E les orez, les merveillus tempez, Ch. de Rol. CLXXXII.