« chrétien », définition dans le dictionnaire Littré

chrétien

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chrétien, ienne

(kré-tiin, tiè-n') adj.
  • 1Qui professe la religion du Christ. Le monde chrétien. Le peuple chrétien. Une âme chrétienne. Elle a trop de vertus pour n'être pas chrétienne, Corneille, Poly. IV, 3. Quel est cet aveuglement dans une âme chrétienne, et qui le pourrait comprendre, d'être incapable de manquer aux hommes et de ne craindre pas de manquer à Dieu ? Bossuet, Anne de Gonz. Que, pour conserver un faux honneur, il soit permis d'accepter en conscience un duel, contre les édits de tous les états chrétiens et contre tous les canons de l'Église, Pascal, Prov. 14.
  • 2Qui appartient, qui est propre au christianisme. La religion chrétienne. Des largesses chrétiennes suffiraient peut-être aujourd'hui pour vous acquitter envers votre juge, Massillon, Car. Fausse Conf. Ces outrages n'ont rien de philosophique, je dirai plus, ils n'ont rien de chrétien, Voltaire, Phil. II, 227. La vie chrétienne que je vous propose, si pénitente, si mortifiée, si détachée des sens et de nous-mêmes, Bossuet, la Vallière.

    Cela n'est pas chrétien, cela n'est pas conforme à la charité.

    Le roi Très Chrétien, Sa Majesté Très Chrétienne, le roi de France.

    Familièrement. Parler chrétien, parler d'une façon à être compris. Il faut parler chrétien, si vous voulez que je vous entende, Molière, les Préc. rid. 7.

  • 3 Substantivement. Celui, celle qui professe le christianisme. Aux plus apres tourments un chrétien est en butte, Corneille, Poly. I, 1. Je sais quelle est l'humeur et l'esprit du chrétien, Corneille, ib. III, 3. Tous chrétiens sont rebelles, Corneille, ib. III, 3. Certes ou les chrétiens ont d'étranges manies…, Corneille, ib. IV, 5. Quoi ! vous entreprenez de sauver un chrétien ! Corneille, ib. IV, 6. Les chrétiens n'ont qu'un dieu, maître absolu de tout, De qui le seul vouloir fait tout ce qu'il résout, Corneille, ib. IV, 6. Enfin chez les chrétiens les mœurs sont innocentes, Corneille, ib. IV, 6. Celle [la félicité] d'un vrai chrétien n'est que dans ses souffrances, Les plus cruels tourments lui sont des récompenses, Corneille, ib. V, 2. Un chrétien ne craint rien, ne dissimule rien ; Aux yeux de tout le monde il est toujours chrétien, Corneille, ib. V, 2. Qui sans prendre l'autrui vivent en bon chrétien, Régnier, Sat. XI. Je trouve ici les chrétiens trop savants : chrétien, tu sais trop la distinction des péchés véniels d'avec les mortels, Bossuet, Marie-Thér. Nous vîmes alors dans cette princesse, au milieu des alarmes d'une mère, la foi d'une chrétienne, Bossuet, ib. Fille, femme, mère, maîtresse, reine, telle que nos vœux l'auraient pu faire, plus que tout cela chrétienne, Bossuet, ib. Lessius parlera en païen de l'homicide, et peut-être en chrétien de l'aumône ; Vasquez parlera en païen de l'aumône et en chrétien de l'homicide, Pascal, Prov. 13.
  • 4Chrétien de St-Jean, de St-Thomas, sectaires des premiers siècles. Les chrétiens de St-Thomas existent encore dans l'Inde.

    En Espagne, vieux chrétiens, les chrétiens de race chrétienne, par opposition à nouveaux chrétiens, terme désignant les Mores et les Juifs convertis.

    Chrétien de la ceinture, nom donné dans l'Orient aux Nestoriens et Jacobites

  • 5 Familièrement, un chrétien, un homme. C'est un dur chrétien, c'est un homme difficile. Une dure chrétienne, une méchante femme.

    Une chrétienne, une femme. Direz-vous : je suis sans chrétienne, La Fontaine, Pâté.

    Un bon chrétien, un homme facile, accommodant. Car, grâce au droit reçu chez les Parisiens, Gens de douce nature et maris bons chrétiens, Boileau, Sat. X.

  • 6Bon-chrétien, sorte de grosse poire. Bon-chrétien d'été. Bon-chrétien d'hiver. Au plur. Des bons-chrétiens.

HISTORIQUE

IXe s. Pro deo amur et pro christian poblo, Serment.

Xe s. Qued elle fuie lo nom christien, Eulalie.

XIe s. E nous defendons que l'om christien fors de la terre ne vende, Lois de Guill. 41. Si recevrai la chrestiene lei, Ch. de Rol. VI. Si recevrez la lei [croyance] de chrestiens, ib. III.

XIIe s. À crestianes lois, Ronc. p. 27. [Charle] Qui des rois crestiens est topaze et rubis, Sax. XXVI.

XIIIe s. Je vous deffens… que vous n'assailliez mie ceste cité, quar elle est de crestiens, et vous estes pelerin, Villehardouin, XLVIII.

XVe s. Tout crestian qui est loyal et bon, Du bien de paix se doit fort resjouir, Orléans, Ball. 126. Ung des plus crueulx chrestiens du monde, Journal de Paris sous Charles VI, an 1436, p. 166, dans LACURNE. Loys Daulphin, duc de Guyenne, En bastissant ceste besogne, Print une belle chrestienne Fille du duc Jean de Bourgogne, Martial D'Auvergne, Vigiles de Charles VII, dans RICHELET.

XVIe s. Plus de gens bestes que d'asnes chrestiens, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 7. Juifs en pasques, Mores en nopces, Chrestiens en plaidoyers Despendent leurs deniers, Leroux de Lincy, ib. p. 290.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. crestian, cristian ; catal. christiá ; espagn. et ital. cristiano ; du latin christianus, de Christus (voy. CHRIST).