« urine », définition dans le dictionnaire Littré

urine

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

urine

(u-ri-n') s. f.
  • Liquide excrémentitiel sécrété par les reins, d'où il coule, par les uretères, dans la vessie, qui, après l'avoir conservé en dépôt pendant quelque temps, le chasse au dehors par l'urèthre en se contractant. Suppression d'urine. Rétention d'urine. L'urine de l'homme est une des matières animales qui ont été les plus examinées par les chimistes, dont l'examen a fourni en même temps et le plus de découvertes singulières à la chimie, et le plus d'applications utiles pour la physique animale, ainsi que pour l'art de guérir, Fourcroy, Conn. chim. t. x, p. 93. C'est à Boyle, vers la fin du XVIIe siècle, que remontent seulement les premiers essais chimiques faits sur l'urine de l'homme, Fourcroy, ib. p. 108. L'urine des chevaux ne contient point d'acide phosphorique ; il y a déjà longtemps que Rouelle le cadet avait fait la même remarque, Fourcroy Et Vauquelin, Instit. Mém. scienc. t. II, p. 286.

    Urines ardentes, urines très rouges, dont la coloration est peut-être due à l'acide rosacique.

    Essence d'urine, sel ammoniacal qu'on extrayait autrefois de l'urine. Pour des vapeurs, ma très aimable bonne, je voulus, ce me semble, en avoir l'autre jour ; je pris huit gouttes d'essence d'urine, Sévigné, 13 juin 1685.

    Médecin des urines, celui qui prétend, par l'inspection de l'urine, connaître les maladies. J'aurais un beau teston pour juger d'une urine, Régnier, Sat. IV. La ridicule charlatanerie de deviner les maladies et le tempérament par des urines est la honte de la médecine et de la raison, Voltaire, Lett. Florian, 3 janv. 1774.

    Fig. Le médecin qui a vu son urine dit qu'il n'ira pas loin, dicton vulgaire pour exprimer qu'un objet quelconque est usé, en mauvais état, durera peu.

HISTORIQUE

XIIe s. Tant iert estreit mened [le peuple sera si étroitement mené], que li cuvendrad od vus mengier sa fiente demeine, e le urine beivre ki li isterad del cors, Rois, p. 409.

XVe s. Il ne faut jà vostre pousse [pouls] taster… Vostre orine ne aussi regarder, Orléans, Ball. 83.

XVIe s. Ceulx de Crete, assiegez par Metellus, se trouverent en telle disette de tout aultre bruvage, qu'ils eurent à se servir de l'urine de leurs chevaux, Montaigne, I, 366.

ÉTYMOLOGIE

Berry, orine ; provenç. urina ; espagn. orina ; portug. ourina ; ital. urina, orina ; du lat. urina, de même radical que οὖρον, urine, οὐρὸς, ὀρὸς, ὀῤῥὸς, la partie séreuse du lait ; comparez le sanscr. vari, eau.