« supprimer », définition dans le dictionnaire Littré
supprimer
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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)
supprimer
(su-pri-mé) v. a.
- 1Empêcher de paraître, ne pas publier un écrit.
Les ennemis de Pascal et d'Arnaud firent supprimer leurs éloges dans le Livre des hommes illustres de Perrault
, Voltaire, Louis XIV, Écrivains, Pascal.Ayant ouï dire que Molière voulait faire une comédie des femmes savantes, elle [Mme Dacier] supprima sa dissertation
, Voltaire, Vie de Molière.J'écrivis il y a quelque temps à M. le garde des sceaux et à M. le lieutenant de police de Paris, pour les supplier de supprimer les éditions étrangères de mon livre [la Henriade]
, Voltaire, Lett. à Thiriot, 4 août 1727. - 2Il signifie quelquefois simplement, en jurisprudence, blâmer un écrit et en défendre la publication. On a supprimé son mémoire comme calomnieux.
- 3Il se dit aussi d'un acte, d'un contrat dont on veut dérober la connaissance. Supprimer un acte.
- 4Faire disparaître.
Sainte Thérèse était ingénieuse à découvrir ses défauts, et prête à supprimer devant les hommes toutes les lumières qu'elle tirait de Dieu
, Fléchier, Panég. Ste Thér.L'officier de retour dit qu'il avait exécuté sa commission [tuer Demetri, frère du czar Fedor], et demande la récompense qu'on lui avait promise ; Boris, pour toute récompense, fit tuer le meurtrier, afin de supprimer les preuves du crime
, Voltaire, Mœurs, 190.L'attention singulière que les Pères de l'Église ont eue de supprimer les ouvrages de leurs ennemis
, Diderot, Pens. philos. n° 44.Speusippe a écrit plusieurs ouvrages qu'on estimait, et qu'Aristote est accusé d'avoir supprimés
, Condillac, Hist. anc. III, 20. - 5Taire, passer sous silence, ne pas exprimer. Ne supprimez aucune circonstance.
Supprimons les doux noms et de fils et de père
, Rotrou, Vencesl. IV, 6.Elle [Mme la Dauphine] se défiait de ses lumières : une sage timidité lui fit presque toujours supprimer une partie de son avis
, Fléchier, Dauphine.Je devrais faire ici parler la vérité, Seigneur ; mais je supprime un secret qui vous touche
, Racine, Phèdre, IV, 2.On supprime des dieux la sentence mortelle ; Et, quoique le bûcher soit déjà préparé, Le nom de la victime est encore ignoré
, Racine, Iphig. IV, 1. - 6Retrancher. Il faut supprimer un tiers de ce discours.
La bonne princesse [de Tarente] me vient voir sans m'en avertir, pour supprimer la sottise des fricassées
, Sévigné, 21 juill. 1680.Fig.
L'animal chassé fait des bonds ; il voudrait se détacher de la terre et supprimer les espaces
, Buffon, Morc. choisis, p. 128. - 7Abolir, annuler. Supprimer des impôts. Supprimer des emplois.
Pour ne pas laisser cette hardiesse impunie dans un auteur de nom [Mézerai], d'abord on supprima une moitié de sa pension ; et, comme il en murmura, peu de temps après on supprima l'autre
, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 200, dans POUGENS.Nous avons éteint et supprimé… termes dont le roi se servait dans ses édits de suppression.
- 8Supprimer quelqu'un, l'évincer.
Elle [Mme de Bury] n'est pas janséniste comme Mme de Vibraye ; c'est avec ce mot qu'on a supprimé cette dernière
, Sévigné, 17 janv. 1680. - 9Il se dit des évacuations que l'on suspend. Supprimer la transpiration, les lochies.
L'urine est supprimée, il y a suppression d'urine.
- 10Se supprimer, v. réfl. Se faire disparaître soi-même, se tuer.
Je vous jure, mon cher ami, que, s'il m'était permis de me supprimer moi-même, il y a longtemps que] je me serais empoisonné
, Scarron, Lett. Œuv. t. I, p. 202, dans POUGENS.
HISTORIQUE
XVIe s. Faict il quelque despeche qui desplaise ? on la supprime
, Montaigne, II, 80. Si mes escripts te contentent, publie les ; sinon, supprime les
, Montaigne, II, 227. Souventes fois en ceste luxation l'urine est supprimée
, Paré, XIV, 44.
ÉTYMOLOGIE
Lat. supprimere, supprimer, de sub, sous, et premere, presser (voy. PRESSION). Supprimer est fait sur le latin ; la forme française eût été suspreindre.