« simulacre », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
simulacre
- 1Image, représentation d'une divinité païenne.
Je défendis qu'il y eût dans les temples aucun simulacre, parce que la divinité qui anime la nature ne peut être représentée
, Voltaire, Dict. phil. Religion.Déjà est né le nouveau Cyrus qui brisera les derniers simulacres des esprits des ténèbres, et mettra le trône des Césars à l'ombre des saints tabernacles
, Chateaubriand, Mart. III.Les Grecs n'eurent d'abord que des pierres ou des morceaux de bois pour simulacres de leurs dieux
, Lévesque, Instit. scienc. mor. et pol. t. II, p. 42. - 2Spectre, fantôme ; en ce sens il se joint le plus ordinairement à l'épithète vain. De vains simulacres.
- 3 Fig. Image, représentation.
J'accorderai, si l'on veut, au divin Platon, au presque divin Malebranche (car Platon l'eût regardé comme son simulacre en philosophie)…
, Buffon, Hist. anim. ch. V.Peuple entier [le peuple indien avec ses trois castes], qui présente à la divinité Le simulacre humain de sa triple unité
, Delavigne, Paria, IV, 3.Plus particulièrement, vaine apparence, vaine image de quelque chose.
Quoi ! tu te laisses aller au murmure, ô vertu contrefaite et déconcertée ?… va, tu n'étais qu'un vain simulacre de la piété chrétienne
, Bossuet, Panég. St André, 3.C'est ainsi que les brigands mêmes, qui sont les ennemis de la vertu dans la grande société, en adorent le simulacre dans leurs cavernes
, Rousseau, Économ. polit.Un simulacre de liberté fait endurer plus patiemment la servitude
, Rousseau, Lett. de la Mont. 7. - 4Action de feindre l'exécution de quelque chose. Le simulacre d'un combat naval. Un simulacre de débarquement.
HISTORIQUE
XIIe s. Et tut fist depescier e esmier cel vilain simulacre ; kar ço ert [était] ydle [idole] de pecchié e de lecherie
, Rois, p. 302.
XVIe s. Simulacres divins, flammes saintes et claires, Qui luisez dans le ciel…
, Desportes, Cléonice, XXXII. Je ne suys pas la secte de Pythagoras, que les hommes prennent une ame nouvelle quand ils approchent des simulacres des dieux pour recueillir leurs oracles
, Montaigne, III, 267.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. simulacra, féminin ; catal. simulacre ; espagn. et ital. simulacro ; du lat. simulacrum, qui vient du radical simula, thème du dénominatif simulare (voy. SIMULER), avec le suffixe cro, de creare ; sanscr. kri, faire.