« risée », définition dans le dictionnaire Littré

risée

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

risée

(ri-zée) s. f.
  • 1Éclat de rire. À tous les éclats de risée [du parterre], il haussait les épaules, Molière, Critique, 6. Ils ne sont pas joyeux… Vous ne les voyez pas jeter une risée, Gresset, Sidn. I, 8.

    Particulièrement. Éclat de rire de plusieurs personnes qui se moquent. Elle envoya emprunter un jour toute la parure de Mme de Soubise, ne doutant point d'être comme elle dès qu'elle l'aurait mise ; ce fut une grande risée, Sévigné, 367. Que vous dirai-je ? hélas ! leurs têtes exposées Du vainqueur insolent excitent les risées, Voltaire, Orphel. I, 3.

  • 2Il signifie aussi moquerie simplement. C'est une grande atteinte aux vices, que de les exposer à la risée de tout le monde, Molière, Tart. préf. Confondre avec risée leur égarement et leur folie, Pascal, Prov. X. Là vous aurez à essuyer la risée et les railleries des libertins, Bossuet, 1er avert. 21. Il en revint couvert de honte et de risée, Boileau, Sat. I. Qui, moi ? j'aurais voulu, honteuse et méprisée, D'un peuple qui me hait soutenir la risée ? Racine, Bérén. IV, 5.
  • 3Objet de la moquerie. Genest, dont cette secte [le christianisme] aussi folle que vaine A si longtemps été la risée et la haine, Rotrou, St Gen. V, 5. Ils demeurent la risée des peuples et l'objet de leur aversion, Bossuet, Hist. II, 10. Combien de fois Isaïe a-t-il été la risée du peuple et des rois ! Bossuet, ib. II, 4. Il est honteux que les hommes de génie s'exposent par cette petite guerre [satires de Boursault et de Molière] à être la risée des sots, Voltaire, Vie de Molière.
  • 4 Terme de marine. Augmentation subite et peu durable de la force du vent. Sur le midi, le vent a calmé, y ayant quelques risées dépendantes du N. E. jusqu'à l'est, Journal de la route, 1689, dans JAL.

HISTORIQUE

XIIIe s. Pierres qui de saint Clost fu nez, S'est tant travailliez et penez Par proiere de ses amis, Que il nos a en rime mis Une risée et un gabet De renart qui tant set d'abet, Ren. 4855. â iceste parole i ot moult grant risée, Qui puis lor fu à honte et à dolor tournée, Ch. d'Ant. V, 836.

XIVe s. Ainsi li singes [à la cour du roi Lion] s'appareille A faire choses desgisées, Pour le roy servir de risées, Jean de Condé, t. III, p. 78.

XVe s. Et faisoit on grant risée, pour ce que c'estoient tous gens de povre estat, Fenin, 1418. Il luy eschappa ung mot de risée touchant les vins…, Commines, IV, 10. Nous ne voulons autre servant que vous ; les autres s'en voisent [s'en aillent] ; si dirons nos risées plus hardiement, Perceforest, t. I, f° 121.

XVIe s. [Auguste] se jouant et mettant en risée…, Montaigne, II, 188.

ÉTYMOLOGIE

Ris 1.