« plongeon », définition dans le dictionnaire Littré

plongeon

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

plongeon

(plon-jon) s. m.
  • 1Genre d'oiseaux aquatiques qu'on appelle aussi colymbes, et qui plongent souvent dans l'eau, ordre des palmipèdes ; grand plongeon, colymbus glacialis, L. ; plongeon cat-marin, colymbus septentrionalis, L. Une portion d'air renfermée dans la trachée-artère dilatée fournit pendant ce temps [où l'oiseau est sous l'eau] à la respiration de cet amphibie ailé, qui semble moins appartenir à l'élément de l'air qu'à celui des eaux ; il en est de même des autres plongeons, Buffon, Ois. t. XV, p. 391. Que je plains les nochers, lorsqu'aux prochains rivages, Les plongeons effrayés, avec des cris sauvages, Volent du sein de l'onde ! Delille, Géorg. I.

    Nom donné quelquefois aux manchots.

    Faire le plongeon, imiter l'oiseau dit plongeon, c'est-à-dire s'enfoncer sous l'eau. Le fleuve après tant de promesses, Fit le plongeon…, Scarron, Virg. VIII.

    Faire le plongeon, se dit d'un homme qui, exposé au feu, baisse la tête quand il entend tirer. Don Pèdre, qui ne douta point qu'il ne lui tirât un coup de pistolet, fit le plongeon se détournant à côté, Scarron, la Précaution inutile.

    S'esquiver, disparaître à la vue. L'électeur parut en chaire, regarda la compagnie de tous côtés, puis tout à coup se prit à crier : Poisson d'avril ! poisson d'avril ! et sa musique avec force trompettes et cymbales à lui répondre ; lui cependant fit le plongeon et s'en alla, Saint-Simon, 287, 149. Pompadour abandonna la guerre et puis la cour, fit le plongeon au grand monde, et s'enterra dans une entière obscurité, Saint-Simon, 199, 153.

    Par une autre figure, faire le plongeon, faiblir, se relâcher de ses prétentions. Vous faites le plongeon, Petit noble à nasarde, enté sur sauvageon, Regnard, le Joueur, III, 11. Puisque je suis en train de me fâcher, je passe à Luc [Frédéric II] ; il fait le plongeon, il désavoue ses œuvres, il les fait imprimer tronquées ; cela est bien plat, quand on a cent mille hommes, Voltaire, Lett. d'Alembert, 25 avr. 1760.

  • 2Sorte d'artifice qui se plonge dans l'eau et en sort tout allumé.
  • 3Action de plonger. Nous avons trop fait de plongeons, Scarron, Virg. I. Ceux-là mêmes ne peuvent faire jusqu'au fond de cet air épais que des plongeons de très peu de durée, Fontenelle, Mondes, 3e soir.

HISTORIQUE

XIIIe s. Grues et gantes et hairons, Pertrix, bistardes et plongons, Fl. et Bl. 1681.

XVIe s. Promptement force plongeons [plongeurs] se jetterent en mer, pour chercher à l'entour de ceste gallere ce qui la faisoit arrester, Paré, Monstr. app. 1. Comme un oyseau plongeon dans les flots escumeux, Messager de l'orage…, Belleau, Berger. t. I, p. 168. Ne plus ne moins que font les canars et autres oiseaux accoustumés au plongeon, l'Amant ressuscité, p. 26, dans LACURNE. Ores demy lassé je me couche sur l'herbe, Ores plus mesnager j'aide à serrer la gerbe, à faire des plongeons et les bien entasser, De crainte que le vent les fasse renverser, Desportes, Bergeries, IV, discours.

ÉTYMOLOGIE

Plonger ; wallon, plonket. D'Aubigné, Tragiques, jugement, a dit plonge : Sortant du profond de son plonge.