« ornière », définition dans le dictionnaire Littré
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ornière
- 1Trace creuse que font les roues des voitures sur la terre dans les chemins.
Il enfila au hasard un chemin creux, comme le sont la plupart de ceux du Maine : ce chemin était plein d'ornières et de pierres
, Scarron, Rom. com. II, 1.Prends ton pic, et me romps ce caillou qui te nuit, Comble-moi cette ornière
, La Fontaine, Fabl. VI, 18.Toutes les rivières sont débordées ; tous les grands chemins sont noyés ; toutes les ornières cachées ; on peut fort bien verser dans tous les gués
, Sévigné, 16 janv. 1671.Poétiquement.
Et son axe de flamme [du jour], aux bords de sa carrière, Tourne, et creuse déjà son éclatante ornière Sur l'horizon roulant des mers
, Lamartine, Harm. I, 3. - 2 Fig. Il se dit des habitudes invétérées, des opinions adoptées et suivies sans examen. L'ornière de la routine, des préjugés. Retomber dans l'ornière.
Qu'avons-nous gagné à suivre l'ornière où nous nous traînons depuis trois ans ?
Chateaubriand, Mél. p. 771, dans POUGENS.
HISTORIQUE
XIIIe s. Il garde en une estroite sente ; Si a choisi [aperçut] en une orniere, Entre le bois et la cariere, Un broïon [piége] de chesne fendu C'uns vilains i avoit tendu
, Ren. 1989.
XVIe s. Un beau sentier me sembloit une orniere
, Ronsard, 816. Il est bien vray qu'elles mesmes [les bêtes] ne vont pas tousjours exactement la route de nature ; mais ce qu'elles en desvoyent, c'est si peu que vous en apercevez tousjours l'orniere
, Montaigne, IV, 210. Garder d'extravaguer ny çà ny là hors les ornieres que l'usage et les loix luy tracent [à l'esprit]
, Montaigne, II, 314.
ÉTYMOLOGIE
Picard, ordière ; wallon, ourbîre, orbîre ; d'orbitaria, dérivé non latin de orbita, roue de voiture (voy. ORBITE). Entre orbitaria et ornière, l'intermédiaire est donné par ourbîre, puis par ordière.