« nymphe », définition dans le dictionnaire Littré

nymphe

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nymphe

(nin-f') s. f.
  • 1Dans le polythéisme gréco-latin, divinité des fleuves, des bois, des montagnes. Écho n'est plus un son qui dans l'air retentisse, C'est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse, Boileau, Art p. III. Une corneille, dit Hésiode, vit neuf fois autant qu'un homme ; un cerf, quatre fois autant qu'une corneille ; un corbeau, trois fois autant qu'un cerf ; le phénix, neuf fois autant qu'un corbeau ; et les nymphes enfin, dix fois autant que le phénix, Fontenelle, Oracl. I, 6. Tantôt, quand d'un ruisseau, suivi dès sa naissance, La nymphe aux pieds d'argent a sous de longs berceaux Fait serpenter ensemble et mes pas et ses eaux, Chénier, Élég. XVI. Et les nymphes des bois, des sources, des montagnes, Toutes, frappant leur sein et traînant un long deuil, Répétèrent hélas ! autour de son cercueil, Chénier, ib. XX.
  • 2En poésie, jeune fille belle et bien faite. C'est une nymphe. Une nymphe en habit de reine, Belle, majestueuse et d'un regard charmant, Vint s'offrir tout d'un coup aux yeux du pauvre amant Qui rêvait alors à sa peine, La Fontaine, Petit chien.

    Elle a une taille de nymphe, se dit d'une jeune personne dont la taille est élégante et légère. Madame la Dauphine avait une fille d'honneur jolie comme le jour, et faite comme une nymphe, Saint-Simon, 39, 197.

  • 3 Fig. Courtisane, femme galante. Avouez le vrai, ce n'est pas ce qui vous tient ; vous ne sauriez quitter vos nymphes, amenons l'innocente avec nous : je crois que vous ne vous souciez plus guère de l'autre, Retz, Mém. t. II, liv. 3, p. 100, dans POUGENS. Car du métier de nymphe me couvrir, On n'en est plus dès le moment qu'on aime, La Fontaine, Courtis. Quelques embrassades et autres menues licences qui furent si bien reçues de la nymphe…, Duclos, Œuv. t. X, p. 42. À la vérité, on le chicane [le ministre] sur l'emploi de ces neuf cents millions [du budget] ; le meilleur usage qu'il en pût faire, ce serait, selon moi, de les jouer au biribi ou d'en entretenir des nymphes d'opéra, Courier, Lett. VI.
  • 4 Terme d'histoire naturelle. Insecte parvenu de l'état de larve à son second état, principalement lorsque, sous cette forme, il possède la faculté de se mouvoir ; d'où il suit qu'une nymphe est une chrysalide mobile ; chrysalide se dit seulement de la nymphe des lépidoptères ; ainsi la chrysalide se change toujours en papillon, et jamais en mouche. Quand les vers des abeilles sont près de se transformer en nymphes, les ouvrières ont soin de fermer avec un couvercle de cire les cellules où ils sont logés, Bonnet, 5e mém. abeilles. Lorsque l'insecte, après avoir rejeté la dépouille de ver, se montre avec toutes les parties extérieures revêtues seulement d'enveloppes particulières, molles et transparentes, qui ne les tiennent point assujetties au corps, on nomme cela une nymphe, Bonnet, Contempl. nat. Œuvr. t. VIII, p. 275, dans POUGENS.

    Fig. Nous devenons chrysalides, nymphes dans l'utérus, Voltaire, Newton, I, 8.

    Les nymphes des fourmis sont ce qu'on appelle vulgairement œufs de fourmis.

    Genre d'insectes voisins des hémérobes.

  • 5 Terme d'anatomie. Nom de deux replis membraneux chez la femme, ainsi dits parce que, voisins du méat urinaire, ils servent à conduire l'urine. Les Arabes circoncirent leurs filles, en coupant une très légère partie des nymphes, Voltaire, Mœurs, circoncision.
  • 6Nymphe de Ternate, martin-pêcheur à longs brins.

ÉTYMOLOGIE

Lat. nympha, du grec νύμφη, proprement jeune fille ; comparez nubere, nubilis.