« légat », définition dans le dictionnaire Littré
légat
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légat [1]
(lé-ga ; le t se lie : lé-ga-t à latere ; au pluriel, l's se lie : les lé-ga-z a latere) s. m.
- 1On appelle ainsi, dans l'histoire de la république romaine, les lieutenants des généraux en chef et ceux des gouverneurs des provinces ; dans l'histoire de l'empire, les lieutenants des proconsuls ou gouverneurs des provinces du sénat, les gouverneurs des provinces de l'empereur (légats impériaux), et les commandants des légions (légats légionnaires).
- 2Cardinal qui était préposé par le pape pour gouverner quelque province de l'État ecclésiastique. Le légat de Bologne, de Ferrare.
- 3Légat à latere (mot à mot : le légat du côté), ou, simplement, légat, cardinal envoyé avec des pouvoirs extraordinaires par le pape, auprès de quelqu'un des princes chrétiens, à un concile, etc.
La reine [Catherine d'Aragon, femme de Henri VIII] ne comparait pas ; l'archevêque [Cranmer], par contumace, déclara le mariage nul dès le commencement, et n'oublia pas dans sa sentence de prendre la qualité de légat du saint-siége, selon la coutume des archevêques de Cantorbéry
, Bossuet, Var. VII, § 13.Les papes s'étaient mis en possession d'envoyer dans toute la chrétienté des légats à latere qui exerçaient une juridiction sur toutes les Églises, en exigeaient des décimes, donnaient des bénéfices, exerçaient et étendaient le pouvoir pontifical, autant que les conjonctures et les intérêts des rois le permettaient
, Voltaire, Mœurs, 41. - 4Légat-né du saint-siége, qualité que prennent quelques prélats. La qualité de légat-né est une dignité habituelle attribuée à certains siéges, tels que celui d'Arles et de Reims.
- 5Vicaire apostolique ou ecclésiastique délégué par commission temporaire pour rassembler les synodes chargés de maintenir la discipline de l'Église.
PROVERBE
Il a plus d'affaires que le légat, se dit d'un homme fort occupé. - 6Pascal l'a pris au sens propre d'envoyé : Je ne sais pas, comme homme ou comme légat [c'est-à-dire que, quand Jésus-Christ dit qu'il ne sait pas quand viendra la dernière heure, il parle comme homme ou comme simple envoyé], Pens. XXV, 188, éd. HAVET.
HISTORIQUE
XIIe s. E après son enterrement [du pape] Ne demora pas longement Que tuit li legat s'asemblerent E le romain clergé manderent
, Grégoire le Grand, p. 98.
XVIe s. Le pape n'envoie point en France legats a latere avec faculté de reformer…
, P. Pithou, 11.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. legat ; catal. llegat ; espagn. legado ; ital. legato ; du lat. legatus, envoyé, de legare (voy. LÉGUER).