« larigot », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
larigot
- 1Espèce de flûte ou de petit flageolet, qui n'est plus en usage, et qu'imite un des jeux de l'orgue, dit jeu de larigot.
- 2 Populairement. Boire à tire-larigot, boire excessivement.
On dit aussi en tire-larigot.
Je veux boire avec lui, m'en dût-il coûter pot, Et trinquer tête à tête en tire-larigot
, Hauteroche, l'Amant qui ne flatte pas, III, 1.
HISTORIQUE
XVe s. On luy apporte [au mari] le demeurant des valets, qui l'auront patrouillé toute la journée, beuvant en tire-larigot
, 5e des quinze joyes du mariage. Perdrons-nous, pour femme et mesgnie, De boire à tire-larigot ? Fault il laisser tout plein le pot ?
Basselin, Vau de Vire, 41.
XVIe s. Les villageois venoient aux festes chanter et danser, masles et femelles pesle-mesle, à tirelerigot… et beuvoient tous à tirelerigot à sa santé
, Paré, t. III, p. 731. Elle vous briffoit [mangeait] en asne debasté, et humoit du pyot en tire-larigot
, Aprèsdisnées de Cholières, 165. Et pour l'appaiser lui donnoit à boire à tire-larigot
, Rabelais, I, 8. Larigau et laringuau
, Cotgrave † …Margot Qui fait sauter ses bœufs au son du larigot
, Ronsard, 732. Herbes, qui boutonnez, vertes ames sacrées, Si sous mon harigot reverdir je vous voy
, Ronsard, 747. [Un pasteur] Qui tient un harigot et fleute entre les bœufs
, Ronsard, 3 4. Jouer de l'arigot
, le Facetieux reveille matin, éd. de 1654, p. 253.
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. tirelarigô (en 1660), et tôrelôrigô (en 1682). La forme primitive est arigot ou harigot ; dans larigot il y a agglutination de l'article, comme dans lendemain. On ne sait d'où vient ce mot ; Scheler indique avec doute le latin arinca, qui signifie une espèce de blé ; de sorte que l'arigot serait primitivement un chalumeau, en latin fistula. Quant à tire-larigot, on n'y peut voir qu'une expression populaire analogue à flûter, qui veut dire aussi boire. On a prétendu que Rigaud ou Rigault, archevêque de Rouen, avait donné une très grosse cloche à la cathédrale de cette ville, que cette cloche fut nommée la rigault, et que, quand on avait tiré la rigaud, on était altéré. Les textes ne justifient pas cette origine ; on n'y trouve aucune allusion à Rigault ni à la cloche ; de plus Rigaut est du XIIIe siècle ; il n'a été trouvé d'exemples de cette locution que dans le XVe ; et, quand, au mot tire-larigot, l'Académie dit que, selon quelques-uns, il faudrait écrire à tire la rigaud, elle suit une historiette qui ne paraît pas ancienne et que rien ne garantit.