« immobile », définition dans le dictionnaire Littré

immobile

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

immobile

(i-mmo-bi-l') adj.
  • 1Qui ne se meut pas. On a cru longtemps que la terre était immobile. Le temps, cette image mobile De l'immobile éternité, Rousseau J.-B. Odes, III, 2.

    Par exagération. Qui se meut très peu ou beaucoup moins qu'à l'ordinaire. Au premier bruit de ce funeste accident [la mort de Judas Machabée], toutes les villes de Judée furent émues; des ruisseaux de larmes coulèrent des yeux de tous leurs habitants; ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles, Fléchier, Turenne. Tout le camp immobile L'écoute avec frayeur et regarde Eriphile, Racine, Iphig. v, 6. Il fallut s'arrêter, et la rame inutile Fatigua vainement une mer immobile, Racine, ib. I, 1. Madame, je me rais et demeure immobile, Racine, ib. HI, 5. Lorsque d'un saint respect tous les Persans touchés N'osent lever leurs fronts à la terre attachés, Lui, fièrement assis et la tête immobile…, Racine, Esth. II, 1. On voit les chefs défier à un combat singulier les chefs ennemis; on les voit s'avancer hors des rangs, et combattre aux yeux des deux armées, spectatrices immobiles, Voltaire, Mœurs, 6.

    Terme de botanique. Anthères immobiles, celles qui sont attachées solidement au filet.

  • 2 Fig. Ferme, inébranlable. A cette nouvelle, loin de s'affliger, il est resté calme et immobile. Immobile à leurs coups, en lui-même. Il [Pompée] rappelle Ce qu'eut de beau sa vie et ce qu'on dira d'elle, Corneille, Pomp. II, 2.
  • 3 Substantivement. Ce qui est immobile. Il n'y a que l'immobile qui soit immuable; la nature est éternelle, mais nous autres nous sommes d'hier, Voltaire, Dict. phil. Coquilles.

HISTORIQUE

XIIIe s. De usant fit realité, D'immobil, mutabilité, J. de Meung, Test. v. 381.

XIVe s. Toute chose par nature est immoble et immuable, et a par tous lieux une meisme puissance, Oresme, Eth. 156. En tel endroit ou tel point immobile, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVIe s. La raison nous ordonne… ne se planter comme un colosse immobile et impassible, Montaigne, I, 339. Or' il reve immobile, et or' il se destourne, Desportes, Roland furieux.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. immoble ; espagn. inmoble ; ital. immobile ; du lat. immobilis, de in, négatif, et mobilis, meuble, mobile. En ancien français, la forme régulière, celle qui reproduit l'accent latin, est immoble, d'où immeuble.