« goujat », définition dans le dictionnaire Littré

goujat

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

goujat

(gou-ja ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des gou-ja-z ivres) s. m.
  • 1Valet d'armée. Mieux vaut goujat debout qu'empereur enterré, La Fontaine, Matr. La vanité est si ancrée dans le cœur de l'homme, qu'un soldat, un goujat, un cuisinier, un crocheteur se vante et veut avoir ses admirateurs ; et les philosophes mêmes en veulent, Pascal, Pensées, art. II, 3, édit. LAHURE. Il voit les mêmes passions dans le goujat et l'homme illustre, Rousseau, Ém. IV. Alors des clameurs s'élevèrent ; déjà quelques femmes et quelques goujats revenaient sur leurs pas en courant, n'entendant plus rien, ne répondant à aucune question, l'air tout effaré, sans voix et sans haleine, Ségur, Hist. de Nap. IX, 3.
  • 2Apprenti maçon, dont la fonction est de porter les matériaux, soit à pied d'œuvre, soit sur les échafaudages où les ouvriers peuvent en avoir besoin. Un petit goujat. Nous n'avons pas assez de goujats.
  • 3 Par extension, homme sale et grossier. On ne l'appelait en badinant que le goujat, pour marquer la vie qu'il menait et la compagnie qu'il voyait, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 106, dans POUGENS. On dit que Lekain a joué à Fontainebleau plus en goujat qu'en Tartare [dans l'Orphelin de la Chine], qu'il n'est ni noble, ni amoureux, ni terrible, ni tendre, et que Sarrazin a l'air d'un vieux sacristain de pagode, Voltaire, Lett. d'Argental, octobre 1755.

    Il signifie aussi homme malhonnête, coquin.

    Il signifie encore celui qui fait de la mauvaise besogne.

HISTORIQUE

XVe s. Les gougeas de l'hostel du duc alloient tous les jours veoir les dames à Deventel, qui sont femmes moult gracieuses et qui prennent plaisir à festoyer estrangers, De la Marche, Mém. liv. II, p. 589, dans LACURNE.

XVIe s. Fut pris par noz sentinelles un matin devant jour un goyat sortant d'Edimton, Beaugué, Guerre d'Écosse, I, 12. Je sçay bien que tu as esté goujate, et que tu as couru le regiment de Picardie, D'Aubigné, Conf. II, 1. Gouyatte, combien veux-tu par mois de ton labeur ? [il s'agit d'un mari vêtu en chambrière et blutant, dont sa femme se moque], Marguerite de Navarre, Nouv. LXIX. … Et la pluspart des goujarts, Carloix, V, 6.

ÉTYMOLOGIE

Béarn. et gasc. gouyat, jeune homme ; lorrain, goujart. Gouge et goujat sont deux formes d'un même mot ; ils paraissent gascons, languedociens, et là ils signifient jeune fille, jeune homme. M. Léon Couture, qui conteste l'étymologie de Huet pour gouge, pense que le sens propre est jeune homme, jeune fille, et que le sens de servante est dérivé, et, partant de là, il adopte l'avis de M. Lefèvre, qui propose le latin gaudium, par l'intermédiaire du provençal gau, gauch, et du guiennais goi, goye ; suivant lui, l'enfant aurait été ainsi appelé comme donnant la joie à la famille.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GOUJAT. - ÉTYM. Ajoutez : Dans quelques localités de la Flandre française, on nomme goujars les valets de ferme, les Primes d'honneur, p. 59, Paris, 1874.