« frappé », définition dans le dictionnaire Littré

frappé

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

frappé, ée

(fra-pé, pée) part. passé de frapper
  • 1Qui a reçu un coup. Frappé à l'improviste. Frappé de la foudre. …Même à ce matin une brebis frappée S'est de la main du prêtre et du temple échappée, Mairet, Sophon. V, 4. Il ne leur reste qu'à considérer de quel côté allait tomber ce grand arbre ébranlé par tant de mains et frappé de tant de coups à sa racine, Bossuet, Anne de Gonz. Et si, dans les horreurs de ce désordre extrême, Votre père frappé tombe et périt lui-même, Racine, Iph. v, 2. Le pasteur frappé, les brebis sont dispersées, Massillon, Myst. Passion.

    Fig. Tous ces dogmes affreux, d'anathème frappés, Boileau, Sat. XI.

    Drap bien frappé, drap fort et serré.

    On dit de même qu'une toile, une tapisserie sont bien frappées, pour exprimer que l'ouvrage en est fin et serré.

  • 2Il se dit des sens de l'ouïe, de la vue. L'oreille frappée de ce bruit.
  • 3Qui reçoit une empreinte par le coup du balancier. Pièce de monnaie bien frappée.

    Fig. Un ouvrage frappé au bon coin, un bon ouvrage.

    On dit dans un sens analogue : un ouvrage frappé au coin du génie.

    Un vers bien frappé, un vers que l'on compare à une médaille dont l'empreinte est vive et nette. Quelques vers bien frappés ne suffisent pas, Voltaire, Mél. littér. Lettre à M. de Tressan.

    Un endroit bien frappé, passage d'un livre, d'un discours qui est d'une expression vive et faisant effet.

    Fig. Dont l'effet est vif. Je le priai [le duc de Beauvillier] de peser l'endroit [de mon mémoire] des mouches, des crapauds et de ces badinages, que je trouvais moi-même trop frappé, Saint-Simon, 266, 85.

  • 4Atteint. Frappé de la peste. Frappé d'une maladie grave. Frappé d'apoplexie. Marie-Thérèse, aussitôt emportée que frappée par la maladie, se trouve toute vive et tout entière entre les bras de la mort, sans presque l'avoir envisagée, Bossuet, Mar.-Thér. Il [le régent] fut averti par une légère attaque d'apoplexie qu'il négligea, ce qui lui en attira une seconde le 2 décembre 1723, à Versailles ; il mourut au moment qu'il en fut frappé, Voltaire, Louis XV, 3.

    Frappé de Dieu, qui reçoit un coup de la Providence. Quand on est affligé et frappé de Dieu, Massillon, Avent, Afflict.

    Être frappé à mort, être malade à n'en pouvoir réchapper. On le vit [le cardinal de Richelieu] traîner le grand écuyer à sa suite, de Tarascon à Lyon, sur le Rhône, dans un bateau attaché au sien, frappé lui-même à mort, et triomphant de celui qui allait mourir par le dernier supplice, Voltaire, Mœurs, 176.

    Être frappé à mort, recevoir une blessure, éprouver une peine, une douleur qui conduisent au tombeau. Je n'ai pas trop conçu, disait M. de Voltaire, comment on meurt de chagrin et comment des ministres et de vieux cardinaux, qui ont l'âme si dure, ont pourtant assez de sensibilité pour être frappés à mort pour un petit dégoût, Voltaire, Mél. littér. Comment. hist. t. LXIII, p. 122.

  • 5 Fig. Qui reçoit comme un coup porté à l'esprit, au cœur, à l'imagination, aux sens. Et quand vos yeux frappés de toutes ces misères, Corneille, Nicom. III, 1. Mon ignorance me fait compter pour beaucoup de voir une personne tendrement aimée ; je suis frappée des objets, et l'absence doit me déplaire plus qu'à vous, Sévigné, 21 fév. 1680. On conta cela [une vision] à M. le prince ; il en fut un peu frappé, puis s'en moqua, Sévigné, 13 déc. 1686. Vous êtes frappée de cette disposition de la Providence, Sévigné, 236. Le public détrompé, D'un pareil enjouement ne se sent plus frappé, Boileau, Sat. XI. Voulez-vous que frappé d'une crainte si basse…, Racine, Alex. I, 1. César de tant d'objets en même temps frappé…, Racine, Brit. v, 8. De mes faibles attraits le roi parut frappé, Racine, Esth. I, 1. Et d'une égale horreur nos cœurs étaient frappés, Racine, Athal. II, 2. Il est de tous les pécheurs le moins frappé des dangers de son état, Massillon, Carême, Inconst. Dans un sombre chagrin son âme enveloppée Semblait d'un grand dessein profondément frappée, Voltaire, Alz. III, 3. Il m'a paru tout à l'heure extrêmement frappé de la figure de cette jeune fille, Genlis, Théât. d'éduc. Vrai sage, II, 1.

    Avoir l'esprit frappé d'une idée, être frappé d'une idée, en être préoccupé, obsédé. Ton esprit, je le crois, du trône encor frappé Toujours du même objet est donc préoccupé ? Ducis, Macbeth, III, 4. Corinne était frappée de l'idée qu'elle ne reverrait plus Oswald, Staël, Corinne, IV, 6.

    Avoir l'imagination frappée de quelque chose, ou, simplement, avoir l'imagination frappée, avoir l'imagination saisie par quelque appréhension, par quelque idée sinistre. On dit dans le même sens : il est frappé. Votre imagination était si frappée que…, Sévigné, 611.

    Il est frappé là, signifie que c'est sa dernière résolution et qu'il n'en démordra pas.

  • 6Rafraîchi par le moyen de la glace. Du champagne frappé.
  • 7 Terme de peinture. Objet frappé de lumière, celui où la lumière tombe directement.
  • 8 S. m. Terme de musique. Temps de la mesure dans lequel l'on baisse le pied, ou la main, ou le bâton de mesure, et qui marque la note la plus forte Le levé et le frappé.

    On dit aussi adjectivement : le temps frappé.