« dévider », définition dans le dictionnaire Littré
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dévider
- 1Mettre en écheveau, au moyen du dévidoir, le fil qui est sur le fuseau.
Mettre en peloton ce qui est en écheveau.
- 2 Poétiquement.
Dévide aux ans de leur dauphin Un bonheur qui n'a point de fin
, Malherbe, II, 3.Les Parques d'une même soie Ne dévident pas tous nos jours
, Malherbe, III, 1. - 3 Par extension, faire passer entre ses doigts.
C'est l'aveugle que guide Le mur accoutumé, Le mendiant timide Et dont la main dévide Son rosaire enfumé
, Lamartine, Harm. III, 10. - 4 Fig. Expliquer, débrouiller.
… Qui dévidât mieux un cas de conscience
, Régnier, Sat. X.Votre monsieur a très bien dévidé mon esprit
, Sévigné, 50.Nous dévidons beaucoup de chapitres
, Sévigné, 353.Nous appelons cela dévider tantôt une chose, tantôt une autre
, Sévigné, 569. - 5 V. n. Terme de manége. Un cheval dévide quand, en marchant des deux pistes, les épaules vont trop vite et que sa croupe ne suit pas.
- 6Se dévider, v. réfl. Être dévidé. Cette soie se dévide très bien.
HISTORIQUE
XIIIe s. Qui que tisse, chascuns desvuide
, Fabliaux mss. t. III, f° 61, dans LACURNE. Quiconques veut estre fillaresse de soie à grans fuiseaus à Paris, c'est à savoir desvuidier, filer, doubler et recordre…
, Liv. des mét. 80. Rimer me covient de cest monde, Qui de tout bien se vuide et monde ; Por ce que de tout bien se vuide ; Diex soloit tistre [tisser] et or desvuide ; Par tens li ert faillie traime
, Rutebeuf, 226. Tu qui contre eulx ne fines de ton venin vuidier, Ne sez, espoir, leur texte jusqu'au vif desvuidier, Et pour ce te devroies d'eux blasmer refroidier
, J. de Meung, Test. 86. La femme qui file au touret, Quant pour vendre desvide, Du meilleur filé dessus met
, Dit des peintres.
XVIe s. Ils avoient eventré 15 ou 16 corps morts des Bourguignons, et devidoient leurs trippes comme trippiers à la riviere
, Carloix, IV, 32. Voilà une partie des difficultés qui m'ont esté mises en avant, lesquelles, amy lecteur, tu devideras, si c'est ton plaisir d'en prendre la peine
, † Contes de CHOLIÈRES, f° 264, dans LACURNE. Il n'est que de trouver le bout du fil, on en desvide tant qu'on veult
, Montaigne, IV, 180.
ÉTYMOLOGIE
Dé… préfixe, et vide (comme montre l'ancienne forme des-vuider, vide s'étant écrit vuide) ; dévider, c'est rendre vide le fuseau. Cette étymologie est acceptable à condition qu'on prendra le préfixe dé… avec le sens augmentatif. Mais voyez à DÉVIDOIR ces formes-ci d'Eust. Deschamps : desvodoir, desvondoir ; elles ne s'accommodent guère de vider, et elles font penser à vinder ou guinder, de l'allemand winden, enrouler, d'où devinder ou devider, dérouler ; ce qui serait satisfaisant pour le sens.