« contre-coeur », définition dans le dictionnaire Littré

contre-coeur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

contre-cœur [1]

(kon-tre-keur) s. m.
  • Aversion.

    À contre-cœur, loc. adv. En faisant peine à son cœur, en violentant son cœur, malgré soi. Faire une chose à contre-cœur. Tout m'est à contre-cœur hormis leur souvenance, Régnier, Dial. Toute chose depuis me fut à contre-cœur, Régnier, Sat. X. [La vertu] Qui sert à contre-cœur le vice autorisé, Régnier, Sat. II. Encore qu'une femme aux amours fasse peur, Que le ciel et Vénus la voie à contre-cœur…, Régnier, Sat. VII. …Mon visage, friponne, Dans cette occasion rend vos sens effrayés, Et c'est à contre-cœur qu'ici vous me voyez, Molière, Éc. des f. V, 4.

HISTORIQUE

XIIIe s. Home de sanc et tricheür aura nostre sire Deux en contre cuer, Psautier, f° 10. [Il] Qui ci desirre à cruel cuer Ce ke tousjors ot contre cuer, Amadis et Ydoine, n° 6987.

XIVe s. Ay pensé à moy vengier de ceulx que je hayoie, et voulentiers les meisse à mal, quant je les avoie à contre cuer, Ménagier, I, 3.

XVe s. Et eurent puis à contre cœur le seigneur de Mortemer [qui avait fait décapiter le comte de Kent], Froissart, I, I, 50. Prendre autre cueur est impossible, Faire contre cueur n'est loisible, Chartier, Le livre des 4 dames. …Il fault que j'aye Contrecueur, et que plus je haye [haïsse] Celui que sur tous plus amaye, Chartier, Poésies, p. 671, dans LACURNE.

XVIe s. Ce mot qui leur est si fort à contre-cœur, Montaigne, I, 69. J'ay à contre-cœur de faire…, Montaigne, I, 108. Nous trouvons plus laid l'object que nous avons à contre cœur, Montaigne, II, 368. Les Rochelois avoient à tel contre-cœur d'obeir aux gentils-hommes qu'ils haïssoient, D'Aubigné, Hist. II, 300. Ceux de Rochelle qui faisoient tout à contre-cœur et contre-temps, D'Aubigné, ib. 304.

ÉTYMOLOGIE

Contre, et cœur.