« cligner », définition dans le dictionnaire Littré

cligner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cligner

(kli-gné) v. a.
  • Faire un clignement. Cligner les yeux ou l'œil. Tout ce qu'il y a dans le monde d'effroyable et de terrible, n'est pas capable de lui faire cligner un œil, Guez de Balzac, les Romains.

    Absolument. Cligner de l'œil.

HISTORIQUE

XIIe s. Moult li a ris et moult clignié, Et maint semblant fait d'amistié, Roman du Brut, ms. f° 65, dans LACURNE.

XIIIe s. Adonc [il] clocha forment d'un pié, L'un oel ouvert, l'autre clingnié, La teste basse et les reins haut, Bl. et Jeh. 3634. À cest mot s'en est retornez En la poudriere au souleil, Et commença à cliner l'oil ; Ne doute que gorpil [renard] s'i mete, Ren. 1524. Qar les chapons [il] voit au soleil, Et Chantecler [le coq] qui cline l'ueil, ib. 4989. Li cox [le coq] respunt : si dei-ge faire, Maudire l'ueil qui vieut cligner, Alors qu'il devreit veillier, Marie de France, Fab. 51.

XIVe s. Ivorine, la bele, li va de l'oiel clignant, Qu'il se rendist briefment au pople mescreant, Baud. de Seb. XIII, 385.

XVe s. S'ils eussent remandé leurs gens, on les eust pu excuser ; mais nennil, ainçois clignerent-ils les yeux et le souffrirent, Froissart, II, II, 61. En terre clinoie mes yeuls, Froissart, Épinette amoureuse. Mes yeux cligniez et mon oreille close, Orléans, Songe en complainte. Chascun parle de divers gieux jouer, De cliner l'œil, de porter male honte, Deschamps, Poésies mss. f° 225, dans LACURNE. Je suis content de cligner l'œil tant que l'on voudra, mais que guarison s'ensuive, Louis XI, Nouv. LXXXVII.

ÉTYMOLOGIE

Génev. cliner, cligner ; provenç. clinar, courber, baisser ; ital. chinare, incliner ; du latin clinare, baisser, incliner. Cliner, très usité dans l'ancienne langue, veut dire proprement baisser, puis baisser la paupière, c'est-à-dire cligner. Les deux formes cliner, cligner, même cluigner, se confondent pour signifier tantôt cligner, tantôt incliner.