« bonhomme », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
bonhomme
- 1Homme plein de bonté, de facilité.
Le moine [envoyé en prison à Barbezières] se trouva un bonhomme qui, gagné par la compassion, alla avertir M. de Vendôme
, Saint-Simon, 133, 224.Faire le bonhomme, affecter la bonté, la simplicité. Dans ce sens : un faux bonhomme.
Adjectivement.
Mélac, doux et très bonhomme, souffrait tout de ses amis
, Saint-Simon, 110, 191.Le Turc revint, après cette expédition, aussi bonhomme qu'auparavant,
Chateaubriand, Itin. 147. - 2Homme simple et peu avisé. C'est un bonhomme qui se laisse mener.
- 3Homme qui commence à vieillir.
Le bonhomme Broussel eut scrupule de souffrir que son nom fût allégué comme un obstacle à la paix
, Retz, IV, 232.Les comtes font traîner ce bonhomme en prison
, Corneille, D. San. V, 4. - 4Anciennement, parmi les gens de guerre, le bonhomme, le paysan. Vivre aux dépens du bonhomme. Jacques Bonhomme, le paysan français.
- 5 Familièrement, et par opposition, un petit bonhomme, un petit garçon.
On ne manqua pas de faire beaucoup babiller le petit bonhomme
, Rousseau, Ém. II. - 6Figure dessinée négligemment, et aussi, figure en plomb qui sert de jouet aux enfants.
- 7Nom vulgaire du bouillon-blanc, plante.
- 8Outil du verrier.
Outil du vitrier.
- 9Bons-hommes, religieux établis l'an 1259, en Angleterre, par le prince Edmond ; ils professaient la règle de St Augustin et portaient un habit bleu. On donna en France ce nom aux Minimes à cause du nom de Bonhomme que Louis XI avait coutume de donner à saint François de Paule, leur fondateur.
Les Albigeois affectaient de prendre le nom de Bons-hommes.
Les bons-hommes, chefs de la république de Florence au XIIIe siècle.
REMARQUE
Bonhomme fait, au pluriel, bonshommes : deux vieux bonshommes ; mais, pour éviter l'idée de faiblesse ou de simplicité, on dit aussi, au pluriel, bonnes gens : Deux vieux amis qui ne s'étaient pas vus depuis longtemps se rencontrèrent ; ces bonnes gens se mirent à pleurer. Quand il signifie un petit garçon ou une figure dessinée, il a aussi un pluriel qui est bonshommes : Ces deux petits bonshommes babillaient comme des pies. Il avait barbouillé des bonshommes sur le mur. On prononce : des bon-zo-m'.
HISTORIQUE
XIVe s. La quele Jaquete dist au dit Lorens en lui presentant à boire : Tenez, bon homme, buvez ; lors le dit Lorens se prinst à courroucier : tu as menti comme fausse ribaude, je ne suis pas bon homme ; car ma femme est plus prude femme que tu n'es
, Du Cange, boni homines.
XVe s. Le suppliant, sans penser à aucun mal, dist à celui Beluc : …bon-homme… À quoy respondit icelui Beluc telles paroles : comment bon homme ? suis-je coqu ?
Du Cange, ib. Aliames fut detenuz prisonniers pour le souppechon de avoir esté en l'ost et bataille des Hurons nommez Jacques Bonshommes, à l'encontre des nobles
, Du Cange, jaquei.
XVIe s. Pourtant oy-je fait vœu à St François le Jeune le quel est au Plessis lez Tours reclamé de toutes femmes en grande devotion ; car il est le fondateur des bons hommes [Minimes]
, Rabelais, III, 24. Au temps que les soudards vivoient sus le bonhomme, ils vivoient aussi sus la bonne femme
, Despériers, Contes, LXIX. Ils aiment la guerre et le trouble, parce qu'ils vivent du bien du bon-homme et ne sçauroient vivre du leur en temps de paix
, Sat. Mén. p. 163. Et ont toujours, en ce faisant, vescu dessus Jacques Bonhomme
, Th. de Bèze, dans le Dictionnaire de DOCHEZ.
ÉTYMOLOGIE
Bon, homme ; Berry, bounhoume, paysan, bounhoumerie, endroit habité par des paysans ; wallon, bouname ; namurois, boulome, homme, mari. On voit que le paysan se nomme lui-même bonhomme, c'est-à-dire l'homme, le mari, le maître de la maison ; c'est de ce mot que les gens de guerre avaient fait un sobriquet.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
BONHOMME. Ajoutez :Il n'était plus Frédérick Lemaître ; il était le comte de Saulles ; l'acteur Bignon, dans son pittoresque langage, appelait cela : entrer dans la peau du bonhomme ; l'expression curieuse est restée, J. Claretie, l'Illustration, 29 janv. 1876, p. 70, 3e col.