« salaire », définition dans le dictionnaire Littré

salaire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

salaire

(sa-lê-r') s. m.
  • 1Payement pour travail ou pour service. Les ouvriers ont demandé une augmentation de salaires. Elle [la cigogne] retira l'os [du gosier du loup], puis pour un si bon tour Elle demanda son salaire, La Fontaine, Fabl. III, 9. Enfin un médecin, fort expert en son art, Le guérit [un fou]… Mais voulant de ses soins exiger le salaire…, Boileau, Sat. IV. On les forçait [les cultivateurs du pays de Gex] à travailler sans salaire, eux qui ne vivent que de leur salaire, Voltaire, Pol. et lég. Remontrances au roi. Le salaire donc réglé, d'un côté par la concurrence des vendeurs, et par celle des acheteurs de l'autre ; le salaire de l'artisan se réglera de la même manière, Condillac, Comm. gouv. I, 8.

    En termes d'économie politique, l'ouvrier est un travailleur qui reçoit sur les capitaux d'autrui une rémunération stipulée d'avance, qu'on nomme salaire, pour exécuter un certain travail avec les capitaux d'autrui, Levasseur, Cours d'écon. rurale, p. 165.

  • 2Fig Récompense. Le fils tout dégouttant du meurtre de son père, Et, sa tête à la main, demandant son salaire, Corneille, Cinna, I, 3. Mais, comme aux grands périls le salaire enhardit…, Corneille, Œdipe, I, 4. [Le serpent réchauffé] Puis tâche à faire un saut Contre son bienfaiteur, son sauveur et son père. Ingrat, dit le manant, voilà donc mon salaire ! La Fontaine, Fabl. VI, 13. Pourquoi juger si mal de son intention [d'Assuérus] ? Il croit récompenser une bonne action ; Ne faut-il pas, seigneur, s'étonner au contraire Qu'il en ait si longtemps différé le salaire ? Racine, Esth. III, 1.

    Par antiphrase, châtiment. Ce lâche mercenaire Qui de sa perfidie a reçu le salaire, Mairet, Mort d'Asdrub. III, 3. Non, il faut qu'il ait le salaire Des mots où tout à l'heure il s'est émancipé, Molière, Amph. III, 4. N'imputez qu'à Pallas un exil nécessaire ; Son orgueil dès longtemps exigeait ce salaire, Racine, Brit. III, 3.

HISTORIQUE

XIIIe s. Li procureur… doivent avoir salaire soufizant, selon les besongnes qu'il procurent, Beaumanoir, IV, 22.

XIVe s. À Robiert Vachot, pour sen sollaire de aidier à kierkier [charger] les beniaus…, Caffiaux, Régence d'Aubert de Bavière, p. 52. La jouvence des nobles corrompue par telx salaires, Bercheure, f° 63, recto. Je ai brassé maint mal et si les ai fait fayre, Je croi que briefment en aray mon salayre, Guesclin. 16399.

XVe s. J'ai jà un lonc tens servi Amours en espoir de plaire ; Mes d'un trop petit salaire M'a mon service meri [récompensé], Froissart, Poés. mss. p. 250, dans LACURNE.

XVIe s. Il n'est pas raisonnable que les honneurs les plus relevez soient les salaires des crimes les plus abjects, D'Aubigné, Faen. I, 9.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. salari, selari ; espagn. et ital. salario ; du lat. salarium, solde du soldat, de sal, sel, à cause que le salaire fut d'abord une indemnité pour le sel. On remarquera en Flandre le changement de l'a en o : solaire.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SALAIRE. Ajoutez :

PROVERBE

Toute peine mérite salaire.