« exiler », définition dans le dictionnaire Littré

exiler

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exiler

(è-gzi-lé) v. a.
  • 1Envoyer en exil. On dépouille Tancrède, on l'exile, on l'outrage, Voltaire, Tancr. I, 6.

    Par extension. Les oiseaux que l'hiver exile Reviendront avec le printemps, Béranger, Les Oiseaux.

  • 2Reléguer quelqu'un dans ses terres, lui assigner une résidence d'où il ne pouvait sortir ; c'était le roi, non les tribunaux qui infligeait cette sorte de punition. Le parlement, ayant refusé d'obtempérer, fut exilé.

    Par extension, exiler quelqu'un de notre présence, lui défendre de se présenter devant nous. Exile de mes yeux cet insolent vainqueur, Corneille, Tois. d'or, IV, 2.

  • 3S'exiler, v. réfl. Se condamner à un exil volontaire ; se retirer loin du monde. Il s'est exilé à la campagne. Obtiendrais-tu d'un père …Et qu'il cessât enfin de s'exiler ici ? Voltaire, Scythes, III, 2.

    S'exiler l'un l'autre. Les deux partis tour à tour vainqueurs et vaincus se proscrivaient, s'exilaient.

  • 4Être exilé. [Ce jardin des plantes] Où s'exilent pour nous de leurs terres natales Des règnes différents les familles royales, Le tigre, le lion, le cèdre aux longs rameaux, Et l'énorme éléphant…, Delille, Trois règnes, VI.

    Fig. L'amour du bien commun de tous les cœurs s'exile, Delavigne, Messén. I, 1. Ces gais festins d'où s'exilait la gêne, Où l'austère Sénèque en louant Diogène Buvait le falerne dans l'or ! Hugo, Odes, IV, 15.

SYNONYME

EXILER, BANNIR. Le bannissement est une peine infamante que prononcent les tribunaux ; l'exil ne figure pas parmi les peines infamantes, et à ce point de vue il est complétement distinct du bannissement. Dans l'ancienne monarchie, le roi exilait un ministre disgracié, mais il ne le bannissait pas. Dans le langage mystique, la terre est pour les hommes un lieu d'exil et non un lieu de bannissement.

HISTORIQUE

XIe s. Si home enpuissuned [empoisonne] altre, seit ocis ou permanablement eissilled, Lois de Guill. 38.

XIIIe s. Et trestout li royaume essiliés et honnis, Berte, XCIX. … Ou estre bannis du roiaume à tort, com fu mestre Guillaume De Saint-Amor, qu'ypocrisie Fist essilier, par grant envie, la Rose, 11702. Lors avint, selonc ce que les estoires racontent, que Saturnus, rois de Grece, fu essilliez de son regne…, Latini, Trés. p. 41. Les exulez [il] fist reapeler, Ke Harold out fait enchacer, Édouard le confess. v. 494.

XVIe s. Où faim regne, force exule, Rabelais, Garg. I, 32.

ÉTYMOLOGIE

Exil ; picard, essiller, dépenser, dissiper ; provenç. issilhar, détruire, rendre malheureux. Essiller, comme essil, avait dans l'ancienne langue le sens de ravager, détruire ; c'est ainsi que du latin exterminare, bannir, nous avons fait exterminer, signifiant détruire entièrement.