« dorloter », définition dans le dictionnaire Littré
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dorloter
- 1Traiter délicatement. Cette mère dorlote son enfant.
La joie que j'aurais de posséder une belle femme, qui me dorlotera, et me viendra frotter lorsque je serai las
, Molière, Mar. F. sc. 2.[Un médecin] Dorlotant une longue barbe, Dont le parfum est de rhubarbe, De coloquinte et d'opium
, l'Espadon satirique, dans RICHELET. - 2Se dorloter, v. réfl. Se traiter délicatement. Aimer à se dorloter.
Ne songez qu'à vous faire une santé qui dure ; Dorlotez-vous sur le tendre duvet
, Chaulieu, Ép. du duc de Nevers à M. de Vendôme.
HISTORIQUE
XVIe s. On me frotteroit, on me pigneroit, on m'accoustreroit, on m'adoreroit, on me doreroit, on me dorlotteroit
, Despériers, Cymb. mundi, 163. Ce n'est pas pour vous faire peigner, et frisotter comme elle, ni pour dorloter vostre barbe
, Pélerin. d'amour, t. II, p. 608, dans LACURNE. Pensez qu'elle s'estoit ainsi dorlotée [parée] pour mieux plaire à son mari
, Brantôme, Dames gal. t. I, p. 18, dans LACURNE. Si elle les dorelotte [caresse] et si par ces delices Ils dorment en son sein
, Tahureau, Dial. f° 187, dans LACURNE. L'Allemand qui pour drolotter, flatter et mignarder sa femme
, Cholières, Contes, t. II, Après dîn. III, p. 97, dans LACURNE. La bonne demoiselle veut estre drelottée
, ib. t. I, p. 47.
ÉTYMOLOGIE
Dorelot ou dorlot, dont voici des exemples : XIIIe s. Si l'esgarda et enama, Si li dist : si mar acointai, O dorlotin diva Robin, Mignot Robin, tes oex [yeux] mar esgardai ; Se cis maus ne m'assouage, je morrai
, Poésies mss. t. III, p. 1257, dans LACURNE.
XVe s. C'est ce qui me fait estre en grace Ung fin mignon, un dorelot [un joli cœur]
, Coquillart, Monol. de la botte de foin.
XVIe s. La quelle me traittoit et entretenoit mignotement comme ung petit dorelot
, Rabelais, t. III, p. 76, dans LACURNE. Car je cognoissois la mignote Estre bien frisque et dorelote
, Œuvres de R. de Collerye, p. 53, dans LACURNE. Dorelors [sorte de joyau]
, Oudin, Dict. Comme on voit, dorlot signifie un favori, un joli-cœur, et aussi un joyau ; d'où dorloter a eu le sens de caresser et de parer. On a voulu tirer dorlot de or ou dorer ; Scheler approuve cette étymologie ; cependant on ne voit pas comment on pourrait faire une pareille dérivation. Diez propose l'anglo-saxon deórling, favori, ou le kymri dorlawd, même sens ; bas-bret. dorlôi, dorlô, caresser. La dérivation celtique est la plus plausible.